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Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie, mon coup de cœur

Americanah de Chimamanda Adichie
Americanah de Chimamanda Adichie

Je vais faire la groupie. Je vous préviens. Mon retour sur Americanah risque de ne pas être impartial parce que j’ai trop aimé le lire. Je vais un peu mettre de côté mon esprit critique aujourd’hui, pour être tout simplement une fan qui s’incline devant le talent de Chimamanda.

Découvrons Chimamanda et ses œuvres

Chimananda est une autrice nigériane née en 1977. Après toute son adolescence passée au Nigéria, elle rejoint les Etats-Unis pour y poursuivre ses études.

Après un recueil de poèmes, une pièce de théâtre et des essais publiés, sa carrière littéraire explose lorsqu’elle publie en 2003 son tout premier roman, L’Hibiscus Pourpre ( que je lirai très bientôt).

Son deuxième roman, L’autre moitié du soleil paraît en 2006. Puis il y aura un troisième, Autour de ton cou, en 2009. Et en 2013, elle publie le fameux Americanah dont nous parlerons aujourd’hui.

Ses écrits couronnés de prix prestigieux, et son combat engagé pour la cause des femmes, valent à Chimamanda sa renommée.

Americanah ou Ifemelu, une femme pas comme les autres

Americanah est un terme péjoratif utilisé au Nigéria pour qualifier un Nigérian rentré des Etats-Unis. Il qualifie une personne qui s’est un peu trop américanisée, et qui parle en roulant les « r ». Chimamanda avoue avoir choisi ce titre parce qu’elle le voulait inchangé. Et ce, peu importe le pays où le livre se vendrait. En effet, le mot « Americanah » ne trouve sa traduction dans aucune langue.

C’est le parcours d’Ifemelu (Ifem) qui nous est conté dans Americanah. Le roman s’ouvre sur elle, se rendant dans un salon de coiffure pendant qu’elle se questionne sur sa vie, les gens autour d’elle et son imminent retour dans son Nigéria qu’elle a quitté plus de 10 ans auparavant. C’est une femme intelligente, déterminée et qui s’affirme. Par moment, on a l’impression qu’elle s’auto-détruit et se sabote toute seule.

Elle se souvient alors de son enfance à Lagos, puis de son adolescence entre ses amitiés, son amour de jeunesse, Obinze, et sa tante Uju. Ses parents sont des gens simples, une mère assez dévote et un père plutôt calme qui aime sa famille.

En parallèle, Obinze est introduit. On apprend qu’il a fait fortune entre temps et est maintenant marié et père d’une petite fille.

L’histoire d’amour d’Ifem et d’Obinze est au centre du roman. Treize années se sont écoulées depuis qu’ils se sont faits la promesse de se retrouver très vite après le départ d’Ifemelu pour les Etats-Unis.

Leur amour pourra-t-il résister aux années ? A quel point ont-ils changé ? Les expériences accumulées auront-elles raison d’eux ?

Mon avis sur Americanah

Le roman commence avec un ton sérieux. On pense tout de suite avoir à lire quelque chose de lourd et d’ennuyeux. Mais le ton de vient plus léger, vivace et sarcastique de temps à autre.

On voyage entre passé et présent. Les coupes et sauts dans le temps sont tellement nombreux, mais on comprend facilement l’histoire, et c’est ce qui est incroyable. On navigue entre le Nigéria, l’Angleterre et les Etats-Unis.

Le livre est découpé entre sept parties et comporte 55 chapitres. Au début, on vit la difficile intégration d’Ifemelu jusqu’à la création de son blog Raceteenth. Ce blog fictif parle majoritairement du racisme, de la conduite à avoir lorsqu’on veut se faire accepter lorsqu’on est un noir dans un pays de blancs. Des anecdotes comiques y sont racontées, et l’auteure a écrit chacun de ses articles fictifs avec beaucoup d’humour et d’ironie.

Les sujets abordés sont multiples et les personnages apportent tellement de variété, qu’on ne reste pas figé dans ce contexte de roman d’amour.

J’ai remarqué que Chimamanda revenait sur les mêmes thèmes. En effet, elle utilise deux personnages différents à plusieurs moment du livre. Comme pour réellement mettre en lumière ces thèmes qu’elle juge important.

On a par exemple le problème des femmes qui se font entretenir par des hommes mariés, riches et hauts placés. C’est le cas de la tante d’Ifemelu appelée Tante Uju. Elle entretient une relation avec un général de l’armée Nigériane. Il lui offre tout : maison, voiture, argent voyage. Elle ira même accoucher de Dike, son fils, en Occident. Mais à la mort du Général, Tante Uju s’expatrie. Elle doit fuir pour éviter que la famille ne récupère tous ses biens et ne la laisse sans le sous. L’histoire se répète avec le retour d’Ifem au Nigéria. Elle découvre que son amie, Ranyinudo, a elle aussi une liaison avec un homme marié qui l’entretient.

Le sujet de la dépression est aussi évoqué, un mal méconnu et tabou dans nos pays africains. D’abord avec Ifemelu qui sombre lorsqu’elle accepte malgré elle d’avoir un moment intime avec un entraîneur. Elle se sent sale et s’enferme pendant des semaines toute seule sans aucun contact. Elle broie du noir. Ensuite, Dike le fils de Tante Uju tente de se suicider. Même si on ignore réellement les causes de cet acte, on sait juste qu’il traversait une phase de « dépression »

Le problème de l’immigration et de la course à l’obtention des « papiers en règle » est aussi présent. Ifem et Obinze travaillent à un moment donné avec des noms et des identités d’emprunts. Obinze est même rapatrié alors qu’il était sur le point de contracter un « mariage blanc ».

Conclusion

Americanah est un roman est complet. Les émotions sont présentes. On aura l’impression d’être tour à tour, d’abord avec Ifemelu. Dans ses péripéties et sa recherche de l’amour avec Obinze, Curt, Blaine puis encore Obinze. Je ressens encore l’émotion de la scène décrite lorsque Ifemelu et les amis de Blaine s’étaient réunis et ont vu Barack Obama devenir président des Etats-Unis.

Ensuite on sera avec Obinze et ses galères dans le froid de Londres. Et finalement, vous allez languir de pouvoir vivre les retrouvailles des deux amoureux. Le retour tant attendu d’Ifemelu au Nigéria ne se passe que dans la dernière partie du livre. Elle se refait doucement et constate à quel point le Nigéria a changé.

C’est une belle histoire que je recommande vivement.

Nombre de pages : 685

Notes : 8,9/10

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Auteur·e

stellabazar

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