Stella Attiogbe

Haben, la femme sourde et aveugle qui a conquis Harvard

Livre autobiographique, Haben Girma. Crédit : Stella Attiogbe

Haben Girma se raconte dans une autobiographie sincère et drôle.

Ses années scolaires, ses vacances en Erythrée, son voyage caritatif au Mali, ses études à Harvard et sa rencontre avec le président Obama… A travers sa biographie, on découvre une femme avec un fort caractère et qui se bat pour pleinement profiter de la vie.

Dès son plus jeune âge, Haben sait ce qu’elle veut et ne laisse pas ses parents diriger sa vie.

Avec son handicap, elle a compris que les autres ont tendance à projeter leurs peurs sur nous. D’autant plus quand ils nous jugent fragile. Très vite, elle fait ses propres choix, parle pour elle et devient porte parole des autres. Son parcours ? Elle le construit en osant et en s’affirmant. On comprend qu’elle est allée bien au-delà de tout ce qui pouvait la limiter ou la bloquer.

Haben a donc conquis Harvard, le monde et nos cœurs de façon brillante.

Pourquoi lire Haben ?

Haben Girma, sur la scène du TedX Baltimore, portant une robe rouge.
Haben Girma, sur scène lors du Tedx, Baltimore Flickr – https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/

Pour s’ouvrir aux différences

Avant de lire Haben, je ne savais pas vraiment de ce que pouvait vivre une personne en situation de handicap, ni même, ce que pouvait être son quotidien et ses challenges.

Notre monde est dur et va à 100 à l’heure. Nous avons tous des problèmes, et peu de temps pour lever les yeux et penser aux autres. On se soucie à peine de ceux qui nous entourent, et encore moins de ceux qui n’ont pas les mêmes chances ou capacités que nous.

Alors, lire Haben permet de réaliser une chose simple : il y a des personnes à soutenir et à aider pour une meilleur qualité de vie.

Pour réaliser l’importance de l’inclusion

Cela rejoint ce que je disais plus haut. Il faut penser à tout le monde et ne pas oublier ceux qui ont des handicaps. C’est-à-dire, ceux qui ne peuvent pas apprendre, travailler ou se mouvoir comme nous.

Nos systèmes et infrastructures sont pensés par des gens sans handicaps et our des gens sans handicaps. Mais comment fait une personne mal entendante pour suivre un cours dispensé dans un amphithéâtre ?

Dans les pays occidentaux, des mesures sont prises pour faciliter l’accès à l’éducation des personnes en situation de handicap. Par contre, dans les pays encore en voie de développement, il y’a un sérieux blocage pour ces personnes.

En Côte d’Ivoire par exemple, plusieurs enfants mal et non voyants n’ont ni matériels adaptés, ni livres de lecture pour soutenir leur apprentissage. Pendant les cours, ils sont formés comme les autres car les professeurs n’ont pas les compétences requises pour les encadrer. Et cela augmente encore plus le fossé qui les sépare des autres. Car, s’ils ne sont pas formés, comment pourront-ils être des adultes autonomes demain ?

Pour comprendre les personnes en situation de handicap et les apprécier à leur juste valeur

Dans son livre, Haben prône l'inclusion pour les personnes en situation de handicap.
Des enfants, des adultes, des personnes en situation de handicap se tenant par la main. Crédit : Visuel réalisé par Stella Attiogbe

On a des préjugés sur ce qu’on ne connait pas, que ce soit des personnes ou des situations. On reste loin, et on préfère formuler nos propres hypothèses au lieu de s’approcher et d’apprendre tout simplement.

Avec Haben, j’ai compris que les personnes handicapées sont des personnes comme nous. Elles sont talentueuses et drôles ! Elles osent, même si elles ont aussi des peurs, des chagrins d’amour etc..

Ils ne sont pas différents et leur handicap ne définit absolument pas qui ils sont, ni ce qu’ils peuvent faire. Et si on s’arrête à ça pour les mettre dan une boite, alors c’est nous qui avons un réel problème.

Haben nous donne une claque de courage

Même avec ce brillant parcours et son action pour une meilleure inclusion des personnes en situation de handicap, Haben ne comprend pas pourquoi on dit d’elle qu’elle est inspirante. Elle n’apprécie pas qu’on utilise ce mot pour qualifier ceux qui vivent avec un handicap.

Mais je suis désolée, Haben, ton parcours m’inspire et il inspire plusieurs autres qui se plaignent tout le temps, juste parce qu’ils ont eu une mauvaise journée.

On a lu Haben avec mon club de lecture, et plusieurs ont avoué qu’ils n’auraient pas le courage de faire tout ce qu’elle a fait : être elle même, défendre une cause noble, escalader un iceberg, ou encore savoir utiliser une scie électrique ! Rien ne l’arrête.

Haben et plusieurs autres nous montrent que le handicap n’est pas une fatalité. La société doit juste déployer les moyens pour une meilleure inclusion.

J’ai aimé lire cette autobiographie et elle m’a bouleversée, avec un fracas doux.

Petit guide pour faciliter la vie aux personnes en situation de handicap, tiré du livre Haben

Les membres du Mosaique Book Club lors de la rencontre autour du livre "Haben"
Les membres du Mosaique Book Club lors de la rencontre autour du livre « Haben » Crédit : Stella Attiogbe
  • Identifier les barrières physiques, sociales et numériques. Et s’efforcer de les démanteler,
  • Prévoir l’accessibilités dès le départ, dans les infrastructures et systèmes,
  • Recruter plus de personnes handicapées,
  • Former et sensibiliser aux droits des personnes handicapées,
  • Promouvoir dans les médias une couverture positive du handicap,
  • Créer un contenu numérique accessible (prévoir des sous-titres et des audiodescriptions pour les vidéos, accompagner les images d’une description, etc..).

Quelques ressources, pour aller plus loin

habengirma.com

disabilityvisibilityproject.com

helenkeller.org


J’ai lu « La prochaine fois », de Marc Levy

Lire les premiers romans d’un auteur et réaliser qu’il n’a pas changé, mais qu’il s’est tout simplement bonifié. C’est cette sensation que j’ai ressenti en me plongeant dans les pages de La prochaine fois de Marc Levy.

La prochaine fois - Marc Levy
La prochaine fois – Marc Levy

Tableaux, art et peinture sont au centre de La Prochaine Fois

Des tableaux, sujet principal de La première fois
Des tableaux, au sein d’une galerie

Entre Saint-Pétersbourg, Boston, Paris, Florence et Londres, cette histoire nous fait courir avec elle. Tableaux, art et peinture sont au centre de La Prochaine Fois. Le récit parcourt des siècles, des vies différentes mais pourtant liées. Le tout sur un fond de mystères et de vérités qui auraient peut-être dû rester cachés.

Boston, un personnage grognon sort d’un immeuble, par les premiers mots, on le devine un brin taquin, mais aussi obstiné. Il s’appelle Peter et est commissaire-priseur. Avec son meilleur ami Jonathan, ils sont les principaux personnages du roman.

Ce dernier est un expert en peinture du XIXe siècle. Il se passionne depuis l’enfance pour célèbre peintre Russe Vladmir Raskin, disparu, tout comme ses dernières toiles.

Le mystère des toiles

Lorsque Peter reçoit un scoop, il apprend que les dernières œuvres du peintre vont être exposées dans une galerie de Londres, les deux compères s’y précipitent, sans savoir qu’une aventure inimaginable les attend.

Jonathan rencontre Chloé, une jeune femme. L’alchimie est presque instantanée. Et chaque fois qu’ils se touchent, ils ont des flashbacks et se retrouvent à une autre époque. Un autre siècle où les chevaux sont encore un moyen de transport.

Se sont-ils déjà rencontrés ? Était-ce dans une autre vie et quel est ce lien qui les unissait ?

En plus de cette interrogation, on a aussi ce petit malaise tout au long du roman. Un peu comme si quelqu’un, tapis dans l’ombre tire les ficelles. Et comme bien souvent, la vérité est bien loin de celle racontée par les survivants.

Avant tout ça, il y a la lettre, au tout début du livre. Une lettre assez émouvante de Peter à son ami Jonathan. C’est si joliment écrit, et on ne la comprend qu’une fois le livre terminé.

La prochaine fois, un hommage à l’amitié et à l’amour

La prochaine fois - Chapitre 3
La prochaine fois – Chapitre 3

Marc Levy nous présente joliment la question de la réincarnation, des âmes sœurs qui continuent de se chercher à chaque fois qu’elles reviennent sur terre, pour finalement se retrouver et se donner la chance de finir leur histoire, ensemble.

La prochaine fois, c’est un hommage à l’amitié et à l’amour, aussi simples et douloureux que soient ces sentiments.

Une histoire folle, composée de plusieurs actes et détours. On y découvre ainsi que si l’amour peut traverser le temps, et bien la haine aussi s’intensifie et ne pardonne pas facilement.


Revue littéraire, les contes de Korotoumou

Sur la première de couverture, tout en haut, vous verrez « Les contes de mon enfance ». Quel titre évocateur, quel retour dans cette merveilleuse période de notre vie, le temps de quelques instants ou de quelques pages !

C’est ce que l’auteur, Amadou Koné réussit en nous faisant lire et découvrir Les contes de Korotoumou, livre paru aux Editions Vallesse.

Les contes de Korotoumou – Amadou Koné

Résumé du livre

Un soir, Kouncoun, Korotoumou, et Maï décident d’oublier un peu les feuilletons que diffuse le petit écran et de se replonger dans la tradition. Ils repensent ainsi à leur vie au village de Kondjogan, dans la plantation de leurs parents.

Pendant plusieurs nuits, Korotoumou va donc partager des contes ancrés dans la tradition orale africaine et son public écoute avec attention et amusement.

Pourquoi lire Les contes de Korotoumou ?

Sommaire du livre
Sommaire, les contes de mon enfance

Le livre est divisé en trois parties.

Avec Les contes de Korotoumou, on découvre des animaux qui parlent et qui vivent comme des être humains, qui ont des défis, une famille à nourrir et qui se font des coups bas ! On rencontre d’abord le lièvre et sa malice légendaire, son intelligence à toujours se sortir des situations. Il y a aussi l’hyène, toujours insatisfaite, qui finit par s’attirer bien plus de problèmes que nécessaires. On découvre encore le chien, le chat, le singe et bien d’autres animaux.

Dans la deuxième partie, on a des contes, mais cette fois-ci sur les hommes seulement. Et dans la dernière, c’est un mélange : des hommes, des animaux et des objets magiques !

Ce livre renferme 15 contes, à la fois amusants et remplis de sagesse. Chaque histoire nous laisse avec une leçon sur laquelle méditer.

Ce livre est parfait pour être conté aux enfants, les adolescents pourront le lire seuls, et les adultes auront ainsi l’opportunité de se replonger en enfance. Il convient à tous publics. Il permet d’apprendre de façon ludique.

Je vous invite fortement à le lire. Vous pourrez même organiser des soirées contes, en lisant une histoire à la fois. Et après, discutez des leçons retenues ou apprises avec vos enfants et votre famille. 

À propos de l’auteur

Amadou Kone est un écrivain ivoirien, professeur de littérature francophone et de culture africaine à l’université de Georgetown aux Etats-Unis. Il est l’une des figures principales de la littérature ivoirienne et africaine. Il a écrit plusieurs livres dont le célèbre Les frasques d’Ebinto (1975) qui a marqué la jeunesse de son pays. Parmi ses autres œuvres, nous pouvons citer :

  • Samory de Bissandougou. Théâtre (DAEC, 1970)
  • Kaméléfata ou l’ennemi de la traite. Roman
  • Jusqu’au seuil de l’irréel. Roman (NEA, 1976)
  • Le respect des morts. Théâtre
  • Téréti. Roman
  • Nuits du passé. Contes
  • Les Canaris sont vides. Théâtre (NEA , 1983)
  • Les Canaris sont vides. (CEDA, 1985)
  • L’Œuf du monde. Roman (NEI CEDA, 2010)


« Le pouvoir de la vulnérabilité » de Brené Brown

Le pouvoir de la vulnérabilité

Dès que j’entends vulnérabilité, je pense à faiblesse, nudité, peur, rejet. Mais étrangement, j’ai toujours pensé que la vulnérabilité était synonyme d’authenticité. Une façon d’être, que très peu de personnes pouvaient présenter et assumer.

Dans Le pouvoir de la vulnérabilité, la chercheuse américaine Brené Brown nous la dévoile sous sa forme la plus simple et la plus vraie. Elle parle du fait d’aller « dans l’arène » et de se souvenir que l’on n’est pas tout seul.

Le livre est inspiré du discours de Théodore Roosevelt intitulé « Citoyens de la République » et souvent baptisé « L’homme dans l’arène ». Il nous incite à nous montrer et à « beaucoup oser ».

Finalement, être vulnérable c’est être soi-même, tout simplement. Parce que prétendre être ce que l’on n’est pas est beaucoup trop risqué et coûte cher.

Déconstruire les mythes de la vulnérabilité

Une des choses marquantes dans Le pouvoir de la vulnérabilité, pour moi, c’est la déconstruction des mythes autour de cette émotion. Ainsi, on voit quatre mythes sur lesquels étaient fondés la vulnérabilité, partir en fumée, pour notre plus grand bien !

Mythe 1 : La vulnérabilité est de la faiblesse

L’auteur nous dit que la vulnérabilité n’est ni bonne, ni mauvaise. C’est ressentir tout simplement. Le fait que plusieurs personnes la nie ou s’en éloigne est dû au fait qu’elle a longtemps été assimilée à des émotions négatives telles que la honte, la peur, ou le rejet.

Je définis la vulnérabilité comme l’incertitude, la prise de risque, l’ouverture émotionnelle.

Brené Brown

Et à la question, « qu’est ce que la vulnérabilité ? », voici des éléments de réponses de quelques personnes interrogées :

  • Avoir une opinion impopulaire
  • Dire non
  • Démarrer ma propre affaire
  • Montrer quelque chose que j’ai écrit ou peint
  • Tomber amoureux
  • Appeler une amie dont l’enfant vient de mourir
  • Tomber enceinte après trois fausses couches
  • Demander pardon
  • Avoir foi en l’avenir

Et pour vous, c’est quoi la vulnérabilité ?

Mythe 2 : La vulnérabilité et moi, ça fait deux

On ne peut pas chosir d’éviter la vulnérabilité. Elle est tout autour de nous, et se retrouve dans l’incertitude, le risque et les émotions du quotidien. Brené Brown nous dit que « la vie est vulnérable ». On ne fait pas le choix d’éprouver de la vulnérabilité, c’est plutôt la façon dont nous réagissons à nos expériences quotidiennes qui est en réalité notre choix.

Mythe 3 : La vulnérabilité c’est tout dire

Faux. Et démystifier cette affirmation peut se résumer à cette phrase « La vulnérabilité consiste à faire part de ses sentiments et de ses expériences à ceux qui ont gagné le droit de les connaître. »

L’autrice va même plus loin en disant que tout partager avec tout le monde est en fait une façon de se protéger de la vulnérabilité réelle. Et la notion de confiance entre en jeu. C’est seulement de cette façon que nous pouvons être entièrement vulnérable avec ceux qui auront « réussi le test ».

Mythe 4 : On peut faire cavalier seul

La vulnérabilité ne peut se développer dans la solitude, on a besoin de l’autre, de confrontation et d’échanges. C’est un peu comme une armure de se dire qu’on est mieux seul et qu’on a besoin de personnes. Et elle se forge souvent lorsqu’on veut tout contrôler ou que le regard des autres ou leurs remarques peuvent nous atteindre. Et pour empêcher cela, on coupe les ponts, on s’isole.

L’une des solutions est de lâcher prise, tout simplement, et de se souvenir que ceux qui nous aiment sont les seuls dont l’avis compte, et ils seront toujours là pour nous. Faire tomber cette armure permet de « se connaître et de se faire connaître. »

Beaucoup oser, encore et encore

Le pouvoir de la vulnérabilité
Le pouvoir de la vulnérabilité de Brené Brown

Si je devais retenir une seule chose de ce livre, ça serait ça. Oser se montrer, oser essayer, oser être, tout simplement.

Nous vivons à une ère qui nous renvoie constamment une image de perfection. Comment être ou se comporter, comment s’habiller, quelle carrière suivre ou comment éduquer ses enfants Bref, on tend à rentrer dans un moule et on finit par oublier la chose la plus simple et importante : être soi, être vrai.

Ce livre vient nous rappeler d’assumer notre vulnérabilité. On ne doit pas la considérer comme un défaut ou un désavantage, au contraire, elle est une force. Et lorsqu’on lui permet de s’exprimer et de se manifester sans peur, elle nous permet d’être une lumière et de nous connecter aux autres de la façon la plus sincère et de pouvoir les aider. Et c’est exactement ce que Brené Brown à réussi à faire avec Le pouvoir de la vulnérabilité.

Et il y’a un chapitre impressionnant sur la honte, que tout le monde devrait lire.

En plus d’être intelligemment bien écrit, la mise en page du livre facilite la lecture. Les espaces laissés, les différents jeux de police utilisés, et les paragraphes, en font une lecture agréable et aérée.

Nombre de pages : 300

Note : 8,8/10