Stella Attiogbe

Je l’ai lu : «No home», de Yaa Gyasi

Stella avec No Home de Ya Gyasi, livre coup de coeur
No Home de Yaa Gyasi, livre coup de coeur

Tout commence dans le feu, une nuit, dans une forêt. On entend des cris, un bébé qui naît, un murmure de secret. Avec une telle scène, et sans avoir lu le résumé, on est très loin d’imaginer ce qui nous attend dans les 476 pages de ce roman.

Avant de poursuivre, je veux vous dire que je suis fan du travail accompli par Yaa Gyasi avec No Home. Un travail de mémoire, qui vient raconter l’histoire de l’esclavage. Mais au-delà de ça, c’est le récit de plusieurs peuples, tribus et familles déracinés sur 250 ans. Passés la colère, les peines du travail forcé, les fouets et les massacres, il s’ensuit une quête d’identité, un retour aux sources pour connaître ses origines et comprendre, ou du moins essayer.

No Home, un arbre généalogique qui s’étend

Effia, le roman s’ouvre sur elle. C’est la fille de Maame et Cobbe Otcher. Décrite comme une belle jeune fille, tous les hommes du village la convoite. Nous sommes en 1800, au Ghana et la cohabitation et le commerce avec les Anglais sur les terres africaines vont bon train. Effia ne sait pas vraiment quel type de commerce s’effectue. Elle doit épouser l’homme le plus important du village. Mais par un subfertuge de sa mère, elle épouse un homme blanc qui a voulu d’elle dès le premier regard. Elle quitte son village. Ainsi commence la deuxième partie de sa vie. Elle se retrouve au fort, entouré d’anglais mais aussi de femmes comme elles, devenues épouses des blancs.

C’est dans ce cadre qu’elle va commencer à se douter que ses frères et sœurs sont tapis et entassés dans des cales puantes, sombres et dans des conditions inhumaines.

Effia est la fille d’un des hommes les plus importants du village. Lorsqu’on ramène une esclave capturée lors d’un rapt, l’histoire prend une toute autre tournure. Esi sans le savoir, donne la position de cette esclave, s’ensuit une attaque de son village. Elle est capturée, violée et vendue. Direction l’Amérique.

Entre l’Afrique et l’Amérique, chacune des sœurs va fonder sa famille. Plusieurs enfants, des petits enfants, des arrières petits enfants qui raconteront l’histoire à leur façon. Une histoire écrite sur plus de deux siècles.

No home - Yaa Gyasi
No Home – Yaa Gyasi, Editions Livre de Poche

La structure du livre

No Home n’est pas écrit juste pour nous donner des informations sur l’esclavage. Le récit s’articule autour de deux sœurs, séparées, qui chacune connaîtront un destin hors du commun.

Dans ce roman, il n’y a pas spécialement de personnage principal. Tous les personnages ont une partie propre à eux. On apprend ainsi pratiquement tout de leur vie, de la naissance à la mort. Chaque individu ouvre le débat sur une thématique ou un pan des faits qui ont marqué la période de l’esclavage.

Les lieux et les espaces ressortent bien. Il y a juste ce qu’il faut de descriptions pour qu’on puisse se plonger dans l’histoire.

Par contre, vers la fin, du roman, on se sent plus proche, on connait mieux les protagonistes et les précédents héros ne disparaissent pas comme au tout début. J’ai aimé ce rapprochement, ça donne plus de réalisme au récit.

Mon avis

J’ai aimé la variété des sujets couverts par cet ouvrage, et ces 476 pages. Je le répète encore parce que je suis fière de moi pour avoir lu autant.

J’ai beaucoup appris sur une période qui appartient désormais à l’Histoire, et sur des sujets différents.

Par exemple, les guerres tribales entre africains qui ont poussé des ethnies à vendre leurs semblables aux plus offrants. On a aussi des Européens qui épousaient de jeunes africaines alors qu’ils avaient déjà des épouses dans leurs pays, ou encore l’imposition de la religion et ses conséquences. Mais j’ai surtout été choqué de découvrir ce qu’était l’arrestation illégale et injuste des noirs, les kidnappings et meurtres, le travail forcé dans les mines et la ségrégation.

No Home est important et il est riche de travail et de recherches. Il est peut-être triste et révoltant, mais il va vous faire voyager de lieux en lieux et d’une époque à une autre. Son volume va essayer de vous décourager, mais allez-y, lisez-le. Je l’ai lu en un mois, vous pouvez le faire aussi.

Bonne lecture. 🙂

Note : 8/10


Revue, Le livre de l’Ikigai par Bettina Lemke

La méthode japonaise du bonheur, voici où mon amour pour les livres et lignes m’a conduite cette fois. On a au moins entendu une fois le terme « Ikigai ». En effet, il a été en tendance il y’a quelques mois et il continue d’animer les discussions. Dès qu’on parle de trouver sa voie, suivre sa passion ou découvrir sa vocation, ce mot ressort. Et si vous ne l’avez jamais entendu auparavant, et bien c’est le moment de découvrir cet état, à la croisée de nos aspirations réelles.

Apprenons ce que les japonais nous disent sur le sens de la vie !

Pourquoi l’Ikigai ?

Ikigai, écrit en langue japonaise.
Ikigai, écrit en langue japonaise.

Dans l’Ikigai, il est question du sens de la vie, tout simplement. Mais avant d’aller plus en détails sur ce concept assez chic et pas facile à prononcer, voyons un peu comment le livre se présente.

Déjà, il est super facile à lire. C’est un petit livre de 138 pages. Je l’ai lu sur mon téléphone et j’ai aimé cette mise en page, sa disposition et ses paragraphes aérés.

Les chapitres sont mi-longs, et le livre va assez rapidement à l’essentiel. Il nous donne les informations dont on a besoin, sans tous les détails qui viennent juste grossir les pages de certains ouvrages.

Et si plusieurs d’entre nous restent sans trouvaille dans cette quête de leur « pourquoi », l’Ikigai vient pour être la réponse à cette question déterminante.

L’ikigai ou le bonheur

Est-ce que vous savez dans quel but vous vous levez tous les matins ?

Nous cherchons tous un sens à notre vie, que nous en ayons conscience ou pas. Tout ce que nous faisons est motivé par ce profond désir de vivre une existence remplie de sens.

L’ikigai décrit donc l’état d’une personne qui trouve du sens à la vie et éprouve un grand bonheur de pouvoir faire quelque chose qui a du sens à ses yeux.

Le livre de l’Ikigai, page 22

Comment trouver le sens de sa vie ?

Je n’ai pas la réponse à cette question. Mais l’un des moyens sûrs d’obtenir cette réponse, est de questionner celui qui vous a crée. Qui mieux que l’inventeur d’un objet peut dire ce à quoi sert l’objet ou pourquoi il l’a inventé ?

Un second moyen est de lire des livres qui traitent du sujet, notamment « Une vie motivée par l’essentiel ».

Le troisième moyen est de lire ce livre et de faire tous les exercices pratiques qui vous sont présentés.

Mon avis sur le livre de l’Ikigai

J’ai particulièrement aimé les exercices du livre ( même si je ne les ai pas tous faits). La raison est que je pense déjà connaître mon Ikigai. J’en ai juste fait quelques-uns. Mais pour ceux qui sont à la recherche du leur, je vous suggère de tous les faire, d’être patient. Et lorsque le livre vous dit d’aller dormir, faites-le.

Les exercices du livre sont simples et complets. Ils permettent de tout mettre sur papier et d’avoir ainsi une vision plus clarifiée de ce qui est réellement en nous.

Plus que l’Ikigai c’est une découverte de soi, un appel à s’écouter, à entendre réellement ce qu’on est, et ce qu’on veut. Je vous recommande ce livre.

Note : 7/10

Pages : 138


Journée mondiale de la prévention du suicide : la mort n’est pas mieux

Partager de l'espoir pour lutter contre le suicide.

Le 10 septembre marque la journée mondiale de la prévention du suicide. Partout dans le monde, la sensibilisation se fait.

Un moment, j’ai pensé que c’était bon. J’ai demandé à la mort de venir me chercher, je ne voulais plus rester ici. Rien ne peut s’améliorer.

J’ai entendu cette phrase, reformulée de différentes façons. La plupart du temps, ce sont des jeunes comme moi, ou avec juste un ou deux ans de plus. Et d’autres fois, ça a été des mères de famille.

A chaque fois que quelqu’un me dit qu’il a déjà pensé au suicide, je ne suis pas vraiment surprise. J’ai juste mal en me demandant comment est-ce que cette personne peut se sentir, au point de se dire que la mort est mieux, qu’il n’y a plus d’espoir.

Je pense d’abord à la personne sans même penser à sa famille, ses enfants ou tous ceux qui comptent pour elle. Parce que dans le fond, c’est égoïste de demander à quelqu’un qui n’en peut tout simplement plus de rester, et de tenir bon pour les autres.

Mais est-ce que ce n’est pas égoïste aussi de décider d’arrêter de vivre sans penser à ceux qu’on laisse ? On peut se dire que ces derniers ont déjà arrêté de vivre depuis un bon moment..

En cette journée de sensibilisation contre le suicide, je m’interroge. Je me pose plein de questions.

Les statistiques que je vais partager sont tristement incroyables.

“À l’échelle mondiale, on estime qu’un suicide a lieu toutes les 40 secondes et une tentative toutes les 3 secondes, ce qui correspond à un million de suicides chaque année, un million de vies perdues…

Combien de personnes pensent à se suicider sans jamais partager leurs pensées avec personne ? Combien essaient, sans que ça marche et le lendemain esquissent des sourires comme si tout allait bien ? Ces personnes sont autour de nous, nous les appelons amis, frères, collègues, papa, maman.. Peut-être qu’il s’agit de nous-mêmes.

Je ne saurais quoi dire à une personne qui me dit qu’elle veut se suicider. Mon premier réflexe sera peut-être de lui tenir la main et de prier avec elle pour que Dieu prenne le relais. Ensuite je pourrais l’écouter, et lui parler à cœur ouvert, tout en continuant de prier.

Je pense que trop de personnes ont en elles ces pensées. Ce sont des choses dont on doit pouvoir parler. Cela peut paraître honteux, on court le risque de se faire ridiculiser ou de paraître faible. Mais encourageons la discussion, posons des questions, écoutons réellement ce que nos proches ont à dire. Écoutons-les. parce que bien souvent les signes ne sont pas si invisibles que ça.

Soyons donc cet ami, ce collègue, ce frère, cet enfant, cet inconnu qui tend l’oreille et qui est présent d’une façon ou d’une autre, même à distance.

Et à tous ceux qui pensent que la mort est un soulagement, je prie pour que vous puissiez plutôt choisir la vie. Ou du moins, essayer. Faire une pause, se faire aider. Reculer tout simplement et revenir, quand on se sentira mieux. 

Pour tous ceux qui vivent il y a de l’espérance ; et même un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort.

Ecclésiaste 9:4

Il y a de l’espoir.


Lecture : « Un appartement à Paris » de Guillaume Musso

Sean Lorenz. J’ai imaginé ce peintre, j’ai vu sa mine troublée et défaite. J’ai même ressenti sa douleur et sa sombre descente aux enfers. Alors que cet homme n’existe tout simplement pas. Certes, plusieurs hommes ont probablement connu le même parcours que ce personnage. Mais lorsqu’un personnage de roman devient aussi réel que ceux qui vous entourent, les pages que vous lisez vous marquent à jamais. Un appartement à Paris est un de ces romans.

C’est ce que Guillaume Musso a réussi à créer, une fois de plus, dans mon cœur en tout cas. Découvrons Un appartement à Paris. Une belle promenade, dans les rues de Paris. Bien évidemment.

Une histoire construite lentement mais sûrement

Maddie, ex-flic, traverse une période assez délicate. Elle revoit l’homme qu’elle a aimé, vivant la vie qu’ils s’étaient imaginés à deux. Ces souvenirs, qui remontent, la pousse à se suicider. Après cette tentative ratée, elle décide d’aller loin de sa vie maussade pour respirer un nouvel air frais. Elle veut croire encore, et vivre.

Gaspard est un auteur de pièces de théâtre. Comme chaque année, il a son rituel. Il se retire, s’isole afin d’écrire, de monter de toute pièce son œuvre. Un peu pessimiste, il ne croit plus en rien. Mis à part la noirceur de l’humanité. Pour cette énième retraite, son agent littéraire lui loue un appartement à Paris.

Une erreur est vite arrivée, et les deux êtres se retrouvent coincés, au même endroit.

L’histoire aurait été un peu trop simple voire anodine, si l’appartement n’était hanté par des âmes qui espéraient encore, hanté par un drame poignant et glaçant.

Une histoire que vous allez aimer

Un appartement à Paris - Guillaume Musso

Dans cet appartement et les environs, le fantôme de Sean Lorenz est encore présent. Célèbre peintre doué de talent, sa vie bascule lorsque son fils est kidnappé et assassiné. Malgré que le coupable se soit donné la mort, des bouts d’indices permettent à Maddie et Gaspard de s’unir dans un duo improbable, afin de rendre hommage aux dernières volontés de Sean Lorenz.

Enquêtes, interrogatoires, mensonges, infractions, la base d’un cocktail qui vous promet des retournements improbables.

J’ai apprécié cette lecture

Je fais avance rapide sur la description des lieux et endroits, qui était parfaite. J’ai pu cerner chacun des personnages principaux, me glisser dans leurs peaux, comprendre leurs tourments et désarroi. Certains lecteurs trouvent que l’auteur s’attarde un peu trop sur les descriptions. Et moi, je trouve que ça donne vie au roman.

Guillaume Musso m’a totalement plongée dans l’univers des plus grands peintres, les pigments et couleurs ont ébloui mes yeux, et sans avoir vu les différentes peintures fictives, j’ai pu contempler leur beauté au travers de mon imagination.

Un appartement à Paris : les émotions ressenties

Comme sensation, j’ai éprouvé quelque chose de plus brut. La vie est juste un carrefour, où plusieurs vies se rencontrent. Nos actions ne restent jamais sans conséquences. Et elles peuvent causer du tort à des innocents, bien des années plus tard.

Un appartement à Paris est aussi un cri d’espoir : une toute petite plante peut pousser dans l’obscurité totale. Et l’oasis qu’on cherchait, ou même qu’on ignorait avoir besoin, vient à nous toujours de la façon la plus improbable.