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Saartje Baartman, la Vénus Hottentote, une vie de bête de foire

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C’est un récit révoltant, tellement cruel et inhumain qu’on se demande si pareille histoire a vraiment eu lieu. Je n’avais jamais entendu parler de la « Vénus Hottentote ». Jamais. Il aura fallu le voyage d’une collègue à moi, en Zambie, et sa visite des musées pour qu’elle vienne me conter cette histoire tragique. J’ai donc décidé de faire plus de recherches à ce sujet. C’est un devoir de mémoire, qui ne changera certes rien à ce qui s’est passé. Mais cette histoire mérite d’être connue. Celle qui a été traitée de façon inhumaine à cause de sa morphologie jugée hors du commun, cette histoire, celle de la Vénus Hottentote mérite d’être partagée encore et encore.

Après avoir été utilisée comme un objet sexuel, exposée comme un animal et humiliée, Saartje Baartman meurt en 1815 à 26 ans.

De Sawtche à la Venus Hottentote

Saartje Baartman, Venus Hottentote

Saartje, de son vrai nom Sawtche naît vers 1789, en Afrique du Sud. Elle est issue du peuple Koïkhoï, qui sont les plus anciens habitants du sud de l’Afrique. Devenue orpheline avec ses frères, ils sont asservis chez des fermiers Boers (pionniers blancs d’Afrique du Sud). Elle sera envoyée plus tard, dans la ferme du frère de son maître, toujours comme esclave. Désormais mariée et mère de deux enfants, elle se voit proposer liberté et fortune. En contrepartie, elle doit quitter sa terre natale et se produire lors de spectacles à Londres. Saartje accepte sans savoir ce qui l’attend réellement.

Tournée européenne et humiliation

Le 7 avril 1810, elle prend la mer pour rejoindre l’Angleterre. Après plusieurs mois de voyage, son calvaire commence. Elle est exposée dans une cage, des spectateurs paient pour la voir et la toucher à cause de son très grand postérieur et ses formes inhabituelles. C’est de là qu’elle obtient ce surnom de « Vénus Hottentote ». Elle sera exposée plus de 200 fois. Un procès est intenté par une association afin que son exploitation cesse. mais Saartje déclare elle-même ne pas agir sous la contrainte, elle signe par la suite un contrat en bonne et due forme avec ses managers.

Se lassant de son spectacle qui dure depuis 4 ans maintenant, le public jugera ses prestations d’obscènes et indécentes. La troupe part donc vers les Pays-Bas et la France.

En France, elle devient un objet sexuel et se prostitue pour pouvoir subvenir à ses besoins. Elle se noie aussi dans l’alcool. Elle travaille maintenant pour un montreur d’animaux exotiques et est toujours exposée dans une cage, mais cette fois ci à côté de rhinocéros.

Saartje était une femme intelligente, parlant trois langues ( Anglais, Hollandais et Français). Mais elle était réduite au silence lors de ses prestations et devait juste se contenter d’émettre de petits cris. Elle avait aussi une bonne oreille musicale, mais cela n’a pas réussi à lui valoir le moindre respect.

Elle meurt à l’âge de 26 ans, de syphilis ou d’une maladie inflammatoire, cela dépend des versions.

Et une autre période d’humiliation commence. En effet, le zoologue Georges Cuvier décide de faire d’elle son objet d’étude. Au nom du progrès et de la science, le corps de la Venus Hottentote est disséqué. Son cerveau et ses organes génitaux sont mis dans des bocaux et sont exposés plus tard au Musée de l’Homme.

Restitution, et après ?

En 1994, après la fin de l’apartheid, Nelson Mandela pressé par les Khoïkhoï fait une demande officielle à la France pour la restitution de la dépouille de Saartje. Après 187 années d’attente, ses restes sont finalement rapatriés sur sa terre natale en 2002, où elle va être inhumée selon la tradition de son peuple.

Parmi les restes de Saartje restitués on dénote :

  • Une statue en plâtre
  • Un squelette
  • Des encéphales conservés dans un bocal
  • Des organes génitaux eux aussi conservés
  • Un moulage en cire
  • Un portrait à l’huile

Avec l’histoire de Sartje, nous avons un aperçu de la considération et du sort réservés à nos aïeux par les occidentaux pendant cette période assez sombre. Les noirs étaient considérés comme appartenant à une espèce différente de l’espèce humaine, tout pouvait donc être fait pour les rabaisser, évoquant ainsi la supériorité que les occidentaux pouvaient ressentir. On se souvient encore de cette photo d’un petit garçon dans une cage avec des blancs tout autour entrain de l’observer curieusement. La notion de « racisme scientifique » fait surface, lorsqu’on sait que de nombreux noirs ont été utilisés comme sujets d’expériences à des fins dites scientifiques.

Finalement, la question de la restitution de toutes ces œuvres appartenant au patrimoine africain reste en filigrane. Saartje a pu avoir cet honneur, mais qu’en est-il des autres ? De toutes ces histoires que nous ignorons encore ?

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Auteur·e

stellabazar

Commentaires

Romeo
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Je me sens humilié au plus profond de moi.